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 .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~

MessageAuteur
MessageSujet: .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~   .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~ EmptyMer 11 Nov - 23:36

& . ALL ABOUT ME


    DONNÉES CONFIDENTIELLES :


NOM :
Wayne.

    << Leave me Alone >>


PRENOM(S) :
Kenny.

    << And he said, Hello, Hey Ken ! >>


ÂGE :
23ans.

    << No Bravery ? I'm not sure >>


ORIENTATION :
Bisexuel.

    << Remember the Time where we Danced on the Ice >>


ARME :
Fétichiste des armes à feu en tout genre la seule qu'il chérie comme son propre cœur est un pistolet Desert Eagle Magnum plaqué argent avec qui il dort...Son utilisation est facile quant à son poids, sa carrure, il a tout des revolvers d'Al Capone (idole, d'ailleurs, de Kenny).

    << Listen to your instinct >>


GROUPE :
Sérénité. Il a beau avoir une apparence traîtresse....Kenny reste un "peace and love-man" qui aime imposer la paix par la violence...S'il faut sacrifier 10 vies pour obtenir la paix, il tuera 10 personnes "nuisibles" essentiellement à sa personne. S'il faut sacrifier 100, 1000 vies pour obtenir la paix, il tuera 100, 1000 vies. Il aspire à un monde d'égalité, une égalité qu'il n'a jamais connu petit et qu'il ne connaît toujours pas.

    << The end of Hope will not Come >>


RANG SOUHAITÉ :
Je n'ai pas d'idées, je m'en excuse, peut être pourriez-vous m'aider ?

    << Hey Babe, grow up, you're so Childish >>



................

[size=20]PHYSICAL APPEARANCE :



    Yeux : Il a des yeux verts, comme une émeraude au soleil, comme un reflet de pomme dans la glace. Ceux ci s’obscurcissent lorsque la lumière laisse place à l’ombre. Ils n'expriment jamais grand chose de précis par ce qu’il veut que l’on n’y voit jamais rien. Les yeux sont le reflet de l’âme après tout.

    Visage : Kenny a un visage pointu. Il est un peu arrondi vers l'extrémité de son menton. Ses pommettes hautes soulignent le creux de ses orbites où s’évanouie un regard bestiale. Ses joues s'étirent jusqu'à ses lèvres fines et pâles, en laissant de petits rebondies coquets. Une surface plane aux couleurs de ciel d’automne. Un petit nez rond et brillant trône sur l'ensemble, garnissant le tout d’une gaieté endormie. De près comme de loin, le jeune homme reste un parfait attirant être à la séduction aiguisée et au tact fin.

    Taille et poids and ? : Mister W. fait du 41 et mesure 1m84 pour 64kg, poids plume n’est ce pas ; de même que grand pour ainsi dire. Il a donc une vision haute du monde et aspire à le voir tous les jours un peu meilleur. Hélas, même si sa tête est haute et son regard droit, le monde régresse et l’âme des hommes avec.


    Cheveux et...mains ! : Ken les a entre un mélange de miel ternis et de noisette, mi-longs et fins. On pourrait les prendre pour des touffes d’herbes, ébouriffés et mal finis. Une esquisse de plante au charbon sur un carton ancien qu'on jette ensuite vulgairement dans une poubelle. Il n’aime pas les avoir devant les yeux. Il n’aime pas non plus lorsque le vent les emmêle non soigneusement. Quant à ses mains elles sont d'une finesse étonnante pour un homme. On croirait des mimines de fillette. Minces, fines, petites...elles sont jolies ses mains et lorsqu'on les touche, la douceur de la peau claire qui les recouvre non seulement elles mais aussi le reste du corps entier est à tomber...

    Allure et style vestimentaire : The Cat comme il aime s’appeler, se vêtit avec étrangeté. Il aime les vestes en cuir d’un noir usé avec des tirettes d’acier et en guise de décoration des coutures quelques clous. De temps en temps, il la remplace par un blouson en jeans. En dessous on distingue des marcels de coton blanc, des t-shirts déchirés, des cardigans pastel et troués. Quelques pantalons en matière noble de préférence noirs et bien évidement des jeans « trashs » et « rock » ce qui veut dire : troués, délavés, décousus. Des ceintures en argent dont le reflet blanc indique dans le noir son arrivée. Des chaussures elles aussi en cuir, des baskets en toile dont on voit à l’aspect abîmé qu’elles servent le jeune homme depuis des années. Il est sophistiqué dans ses tenues « grunge » et « destroy ». Kenny est donc un éternel adepte de la décadence physique et aime se la jouer deux de tension et 10.000 voltes de détente…



................

INTO MY HEAD :


    Kenny est d’un caractère que l’on ne cerne pas vraiment. Lorsqu’il sent qu’il est deviné, il change immédiatement de comportement. Il passerait d’agréable à hautain, de passif à enragé. La plus part du temps, il ment physiquement pour mieux protéger ses émotions de la curiosité d’autrui. Il a une sainte horreur en effet qu’on le comprenne même s’il ne demande que cela. Illusionner deviendrai presque une habitude pour lui. Il lui arrive même de ne plus savoir si ce qu’il ressent est un de ses mensonges ou la réalité. D’une nature maladroitement froide, il cause beaucoup de dommages à son entourage. Mais puisqu’il possède un nombre infiniment petit de personnes qu’il « apprécie », les dégâts sont moindres. Qu’ainsi donc, d’aimer une personne, un amant, une jeune femme ne lui vient plus à l’esprit depuis bien des années. La douleur d’un amour perdu lui reste au cœur comme la pire des plaies, la pire des douleurs. Aussi il n’aime pas les prises de tête, les jeux de mots cuisants, les nuits trop longues à venir. De ce fait, dès que la conversation que Kenny entretien avec une personne monte en épingle, devient ennuyante, ou si elle n’a plus d’informations intéressantes à donner, il part, c’est tout.

    Au fil des années, un côté solitaire s’est développé en lui de même temps que son sarcasme et ses duperies. Il est vrai que Ken accumule beaucoup de différences caractérielles dont la plus part sont désolantes mais son âme reste juste et intérieurement il ne souhaite que le bonheur des gens. Cependant le leur dire, le leur faire comprendre reste impossible pour lui. Préférant se faire passer pour le glacial monstre que pour le bon samaritain, Kenny s’écarte de ceux qu’ils sauvent innocemment dans l’ombre. Le jeune homme est profondément égoïste et son orgueil, son envie de réussir lui cause bien des ennuis. Donner toujours plus et ne rien recevoir il connaît. La non égalité, il la connu…Le non respect de l’être humain, de la vie, il le voit tous les jours et s’en désole au point de souffrir à chaque fois qu’il entend, qu’il lit une information sur des meurtres d’innocents, de viols de jeunes filles, d’exécutions de Décadents. Si cela continue ainsi, ce monde noir finira par le tuer avant la maladie qui le ronge. Car oui, je le précise ici, Kenny est atteint d’une bien étrange maladie que les médecins qualifient d’incurable. Une sorte de saloperie qui lui pourrie minutieusement les poumons, lui laissant tout juste quelques années à vivre où il espère vainement voir un soleil nouveau , plein d’espoir et de bonté se lever sur les terres de cendres du royaume des hommes …


................

SEE ME OTHERWISE :

    « Je ne me rappelle plus tellement de mon passé pourtant si proche. Dans ma tête se cogne de douloureuses images d’une maison en feu, d’hommes en noirs m’arrachant à ceux, à celui que j’aimais, de chiens aboyant à tue-tête, de coups de feu résonants aux murs de ruelles délabrées. C’est si loin…et si près de moi… »



    28 Décembre, 23h34 France. || Naissance ||

    C’est à mi-chemin de Marseille et de la frontière italienne, un grand hôtel au crépi rose, qui se dresse orgueilleusement sur les bords charmants de la Riviera. Un jeune couple élégant et célèbre l’on choisit récemment pour y passer leur Nouvel An, mais il se trouvait pratiquement vide. La femme, aux cheveux d’un blond pâle, au visage doux et charismatique, au cou rond et à l’allure élancée se tenait la tête penchée sur son conjoint tout aussi beau et rayonnant. Ses cheveux bruns brillant sous les milles lumières d’un énorme lustre constituant la principale décoration du Hall d‘accueil. L’homme avait la main posée sur le ventre rond de sa femme, tout sourire, tout bonheur, ils allèrent à l’ascenseur, l’un appuyant sur l’étage numéro 12 là où résidait leur suite nuptiale.

    - James, et si le bébé arrivait ce soir ?
    - Liz, il est prévu pour fin Janvier, cesse de t’en faire et prends du bon temps, répondit-il une once d’exaspération dans sa voix tendre.


    Une fois installés dans leur chambre, les deux conjoints se mirent à nue et s’allongèrent, enlacés et pleins de chaleur dans leur lit trois places. James posa un baiser tendre sur les lèvres de sa femme, dégageant de son visage les quelques mèches blondes qui l’obstruait. A travers l’une des six fenêtres de la pièce, on distinguait les lumières jaune-orangés des ruelles encore bondées de monde. Des bruits de voitures, de rires, d’ambulances traversaient l’entre-ouverture et arrivait jusqu’aux oreilles presque endormies des amoureux. Ceux-ci épuisés d’avoir fait tant de boutiques, tant de rencontre durant la journée s’adonnèrent finalement au sommeil.

    Liz était un mannequin de forte réputation. Si belle et si bonne qu’elle était, elle avait conquit le cœur et la vue des plus grands créateurs de l’époque. On voyait son regard émeraude et son sourire espiègle sur presque toutes les couvertures des magazines de mode importants. Fragile, enfantine mais pourtant obstinée, beaucoup de personnes l’appréciaient.
    James était un homme politique très respecté. Il prônait la supériorité de son parti visant à gagner toujours plus de pouvoir sur les autres. Bel homme, gentleman et riche à million, les dames lui courraient après. Fier, têtu et parfois sans cœur, il ne souhait qu’avoir un second nourrisson mâle pour s’assurer que plus tard ses projets politiques seraient repris. Il a déjà un fils, Andrew, âgé de 8ans à qui il préférait léguer ses possessions mobilières. Il était craint et s’il n’avait pas eu Liz à ses côtés, peu de personne le supporterait.

    Minuit et trente minutes sonna lorsque Liz se redressa sur son séant, fiévreuse, le front humide et les yeux bouffis. Haletante, elle secoua James endormit à ses côtés. Enserrant son ventre énorme, elle commença à crier, à paniquer.

    - James, James, JAMES ! Réveille toi…Ca vient…ça vi… Il arrive, le bébé, James, le bébé ! Il arrive !

    Sortant tout juste de son sommeil de plomb, le concerné tomba du lit, écarquillant les yeux de stupeur, horrifié à l’idée que sa femme puisse accoucher à l’Hôtel. Enfilant sans même lui répondre, un pantalon et un T-shirt, il l’empoigna, l’aida à se relever, enfourna des affaires dans un sac, ouvrit la porte de la chambre et dévala les escaliers, toujours avec elle. Celle-ci continuait de respirer par saccades, suant de plus en plus, ses mains agrippant son bassin.

    - Calme-toi Liz, je vais t’emmener à l’Hôpital ! Ne t’inquiètes pas, tout vas bien se passer ! Ce n’est pas la première fois ! Respire surtout ! RESPIRE !

    La voiture du couple arriva avec son chauffeur. Quelques minutes plus tard ils furent à l’Hôpital de la ville, pullulant de jeunes adolescents couverts de bleus. Sans doute une récente confrontation de gangs les avaient-ils fait se retrouver ici, sur les bancs jaunît de la salle d’attente. Liz fût emmenée par trois infirmières et un docteur dans une chambre loin de James qui préféra rester à l’écart, ayant trop peur de la vue du sang. La jeune femme s’allongea sur un lit blanc aux draps mornes. Une heure passa où elle croula sous les efforts de respirations jusqu’à ce que James, impatient, la rejoigne. Une autre heure passa, puis une autre et finalement…

    - Poussez Madame, poussez ! Vous y êtes presque ! Allez-y encore un effort ! Courage Madame, courage ! Je vois sa tête ! Allez-y, COURAGE !

    Au-dessus du visage contorsionné du mannequin, James, apeuré, assistait à la scène, incapable de bouger ni de dire quoi que se soit, enserrant la main gauche de sa femme comme s’il s’agissait d’une poignée de diamants. Du sang mêlé à un autre liquide dégoulinait du lit de fer ; les sages femmes grouillaient autour de celui-ci. Un amas de serviettes blanches au départ puis rouges s’entassaient sur un lit voisin avec des ciseaux et des seringues. Quelques minutes encore et le nourrisson fit son entrée. Tout rose, mouillée, ensanglanté, encore chaud du ventre de sa mère, les yeux plissés et le crâne noisette il poussa d’horribles cris stridents. Parmi ces cris, on distinguait ceux d’un autre. James, ne se souciant pas de son fils, était allongé sur la poitrine de Liz, morte d’épuisement.



................

BEHIND THE MASK :

PRÉNOM // PSEUDO :
J***** // Kenny Wayne ~

ÂGE :
Une maturité de gosse à qui on a chippé ses bonbons. 16 ~

COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? :

Bonne question .A. Je sais plus...par hasard en fouillant des top je crois ! En fait sachez une chose importante en ce qui me concerne ...Je suis une grosse Alzaïmer précoce : P Héhé ...

CODE :
Comme la neige est belle lorsque tu la traverses de tes clochettes chère enfant. ~ ♥️

................


Dernière édition par Kenny Wayne le Lun 16 Nov - 16:57, édité 4 fois
Kenny Wayne
Guimauve Congelée ~
Kenny Wayne

Messages : 148
Âge : 23.
Personnalité : Pas de couleurs. Seulement des nuances de gris.

DOSSIER
× Arme : Desert Eagle Magnum Argent ♥
× Reminder:

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MessageSujet: Re: .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~   .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~ EmptyLun 16 Nov - 3:44


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    Samedi 06 Novembre, 8ans plus tard. || Enfance Enfantine ||



    - Rends-le-moi ! Allez, rends moi le ! Il est à moi d’abord ! A moi, tu n’as pas le droit ! Voleur ! Je vais le dire à Papa si tu ne me rends pas Picsou, Andrew !
    - Oh toutes mes excuses …bébé ! A huit ans tu dors encore avec un doudou ? C’est une honte ! ricana gaiement Andrew, satisfait des malices qu’il me jouait quotidiennement.


    Il m’énervait. En fait, depuis tout petit il n’a fais que cela, m’énerver. Toujours à m’enquiquiner, à me voler mes jouets, à me trimballer par les pieds. Pourtant, lorsqu’il partait au lycée, lorsqu’il était absent, même pour une ou deux heures…il me manquait. Son rire, ses yeux couleur d’écorce, ses jeux stupides, ses boutades idiotes…Il était mon frère, mon ami, ma moitié. On ne se ressemblait en rien pourtant. Il était blond, je suis brun. Il avait les yeux noirs, je les ai verts. Il riait tout le temps pour rien, était le premier en classe, le premier à faire la fête, à faire des conneries et moi j’étais le premier à rêvasser, à ne rien faire à l’école, à bouder. Papa était très fier d’Andrew, de moi un peu moins. Il a toujours eut au fond de lui, même s’il n’ose se l’avouer pour éviter de me faire du mal, une dent contre moi. Il me reproche la mort de ma mère. Jamais il ne me l’a dit petit, non, mais il l’a laissé entendre à quelques occasions.

    - Andrew, Kenny, Monsieur votre Père vous demande, votre tante Elizabeth est arrivée.
    - On arrive Suzanne !


    La servante ayant grâce à Dieu empêché Andrew de jeter mon doudou au feu, redescendit, d’un pas lent, le visage aussi creux et asséché qu’un désert, servir mon père. Tante Elizabeth, ah, qu’elle était cruche celle-ci. Selon moi, une quinquagénaire obèse qui ne pensait qu’à nous tirer les joues et à nous engraisser mon frère et moi. Soupirant, du haut de mes huit ans, j’arrachai le doudou Picsou des mains d’Andrew et suivit le chemin qu’avait prit Suzanne, comptant les marches d’escalier pour me distraire de la voix aigue que je percevais depuis la cuisine. Je me demandai ce que notre Tante pouvait bien avoir en tête pour venir nous rendre visite, elle qui d’ordinaire ne se montrait jamais, trop occupée par ses voyages à travers le monde. Avant même que je ne puisse finir de descendre la dernière marche, Andrew se jeta sur moi, passa sa main dans mes cheveux, m’agrippa et sans même que je n’eusse put m’en rendre compte, je me retrouvai sur son dos, tel un conquérant à cheval. Prit d’un élan de rire, j’enserrai le cou du fou furieux, ravi de me réconcilier pour la énième fois avec lui et ses drôles de jeux. Galopant, nous déboulâmes dans l’immense cuisine de notre maison.

    - En avant toute moussaillon ! Allons terroriser cette vieille truie d’Elizizi !
    - Oui, en avant ! !


    Bien évidement, même à 12ans, Andrew, comme moi, n’avait pas vraiment développé son sens de la discrétion. Nous avions crié un peu trop fort et tante Elizabeth dû nous entendre car lorsqu’on arriva au près d’elle pour lui baiser les joues, elle nous foudroya de son regard porcin. Tout de suite je m’étais calmé, dégringolant du dos de mon frère, debout, droit et la tête basse, tenant discrètement sa main dans la mienne. Celui ci, serrant encore plus fort mon étreinte, ne réprima pas un rire nerveux.

    - Les garçons, un peu de tenue devant votre tante je vous prie !

    Papa nous toisa avec violence avant de se tourner vers son horrible sœur qui correspondait en fait, traits pour traits, à l’une des héroïnes de Maupassant, Boule de Suif. Grasse et dodue. Son habituel petit chignon roux et bouclé trônait comme un œuf au milieu de son nid sur son crâne plat. Son petit nez crochu touchait presque ses lèvres pincées et sèches. Une luisante graisse s’identifiait même sur ses joues. Elle me répugnait et même gosse, je me demandais encore comment certains hommes pouvaient lui parler droit dans les yeux…sans rire.

    - Bon, mes neveux, je vois que vos stupides enfantillages ne cessent toujours pas ! Parfait, je suis justement arrivée ici même pour régler le manque d’éducation de votre père.
    - Tiens donc, cela m’aurait étonné, souffla James avec sarcasme, apprenant à peine maintenant le pourquoi de la visite de sa sœur.
    - Oui James ! Tes fils doivent voir un peu du monde ! Ils sont tout le temps coller l’un à l’autre. Kenny ne peut pas grandir si Andrew n’arrête pas de lui mettre en tête toutes sortes de bêtises !


    Augmentant d’une octave sa voix déjà stridente, ma tante me faisait rire. Il est vrai qu’Andrew me refilait pas mal de drôles d’idées pour nuire à pas mal de personnes. En fait, j’en était vraiment amusé, si bien que lorsque je croisa le regard soudain niais de mon frère, je ne pu retenir moi aussi un éclat de rire.

    - Tiens, voilà quelque chose de bien impoli que de rire devant pareilles choses sérieuses ! Bon, James, j’en viens au fait ! Je te propose d’emmener Kenny dans deux semaines en voyage avec moi. Comme tu le sais, je pars en Afrique du Sud. J’y reste pour 2ans au minimum, par la suite j’irais en Inde, au Japon et sans doute à Cuba. Il serait bien pour ce petit qu’il vienne avec moi ! Mignon et pas bête, je suis persuadée qu’il apprendra beaucoup de choses !

    Restant bouche-bé, mon père me regarda, puis regarda la grosse et me regarda à nouveau. Il ne savait que répondre tant la nouvelle était inattendue et étonnante. Moi, je ne comprenais pas vraiment la situation. Ce que j’en avais retiré c’était que la vache voulait m’embarquer loin de mon frère dans une Afrique qui m’était inconnue, dans des pays que je ne voulais pas voir. Puis, une douleur me parvint. Mon regard tomba sur nos mains liées, à Andrew et moi. Il avait encore plus serré la mienne, comme s’il eu crû que j’allais tomber dans un gouffre. Lorsque je voulu lui ordonner d’arrêter, je me rendis comptes que ses yeux étaient devenus humides et qu’une première larme roula de ses joues. Sans me regarder, posant simplement son regard haineux sur Elizabeth, il attaqua.

    - Ah ça non Tantine ! T’emmènera Ken nulle part ! Tu n’as pas l’droit d’faire ça !
    - Diantre, James, ce que je pensais tout bas s’avère vrai ! Tes fils sont bien trop souvent ensemble. N’ont-ils donc aucuns autres amis avec qui passer leur temps libre ? Cela va changer ! Andrew, tu me dois du respect, tais toi ! Ce n’est pas comme si ton petit frère n’allait plus revenir !


    A ces mots, une évidence me frappa. Elle avait raison. J’étais tout le temps avec Andrew. On était tout le temps collé ensemble, sans avoir besoin de personne d’autre. Dès qu’il finissait ses cours, il venait me voir. Lorsque nous marchions, c’était main dans la main. Lorsque nous mangions, c’était côte à côte. Lorsque nous dormions, c’était tous les deux dans le même lit. C’est donc à huit ans que j’avais prit conscience de l’importance de mon frère dans mon cœur. Enfouissant mon visage sous son bras, je tentais de ne pas écouter les beuglements de ma tante. Je n’arrivais pas à protester, à me faire entendre. J’étais figé, dans le doute, dans mes pensées d’enfant naïf. Lorsqu’enfin elle partit, promettant de venir me chercher dans deux semaines, mon père s’immobilisa dans le divan, le regard pensif, hésitant entre le oui et le non. Le reste de l’après-midi ne fut pas aussi amusant que le début de la journée. Andrew se contentait de rester assit sur le tapis de notre chambre, mon Picsou en main, l’air tout aussi absent que notre paternel. Lorsque je lui posais une question, il hochait bêtement les épaules. Nous ne dinâmes pas le soir. Nous ne dormîmes pas non plus ensemble. J’eu froid aux pieds cette nuit là. Un vide s’installa dans mes draps qui d’habitude connaissaient la chaleur de deux corps. Puis une autre nuit pareille à celle-ci, et une autre et encore une autre.

    Finalement, jeudi, au milieu de mon sommeil, une bête se glissa dans mon lit. Ayant juste avant regardé un film d’épouvante j’eu crû que le monstre des marrais venait de s’introduire dans ma chambre pour me dévorer. Apeuré je m’étais mis à geindre, à le supplier de partir lorsque soudainement ma lampe de chevet s’alluma sur mon frère, confortablement callé contre moi, un sourire malicieux aux lèvres. C’était la première fois qu’il me souriait depuis la visite de notre tante. Un mélange de colère et de tendresse se mêla en moi. J’aurais voulu lui crier de foutre le camp, lui dire qu’il n’était qu’un idiot, que je le dirai à notre père mais au lieu de cela, je me jeta à son cou. Passant son adite main dans mes cheveux, il étouffa un rire doux.

    - Kenny, pauvre débile, oser avoir peur de son frère ! Quand même !
    - Je n’ai pas eu peur, j’ai été surpris, c’est tout…


    En le regardant allongé contre moi, je me disais que ne plus le voir pendant plus d’un an, même d’un mois serait une tuerie. Je ne voulais pas m’en aller à travers le monde, je voulais rester avec lui et pour toujours. Est-ce normal pour un petit frère de vouloir à jamais être dans les bras de son grand-frère ? Pour nous ce l’était, pour d’autres…non. Depuis ce jeudi et tout le reste de la semaine, Andrew et moi ne nous lâchâmes pas la main. Nous ne nous quittions plus d’une semelle et à mainte reprise il me baisait les joues, profitant de chaque seconde que nous passions ensemble. Nos chamailles même s’arrêtèrent, laissant place à des jeux communs, des câlins, des chuchotements. Notre père qui pensait au départ à une simple affection fraternelle commença à changer d’opinion lorsqu’un soir il surprit Andrew entrain de m’enserrer de ses bras dans un bain que nous partagions ou encore lorsqu’une après-midi il me trouva en jupon de fille, des couettes et des rubans aux cheveux, déguisé avec soin par l’aîné. Moi, je pensais aussi que le lien qui nous unissait Andrew et moi était simplement le lien qu’un frère a pour son frère. Je ne compris que bien plus tard que ce lien n’était pas seulement fraternel…

    Outré et inquiet d’un scandale qui pourrait éclabousser son illustre image, mon père accepta une bonne fois pour toute à vive voix la proposition d’Elizabeth et la fit venir plus vite que prévue. Lorsqu’autour du déjeuner, il nous l’annonça, Andrew ne put contenir sa colère.

    - Mais papa ! Tu ne peux pas faire ça quand même ! Tu veux laisser Kenny aux mains de cette grosse mégère ? ! Tu veux donc nous séparer tous ! Séparer notre famille ? ! Non, je ne veux pas ! Kenny doit rester ici ! Avec nous, avec moi !
    - Tais-toi Andrew, tu n’es qu’un enfant et je ne te permets pas de me commander. Ton…attitude à toi et à ton frère…me semble un peu louche. Il suffit, votre tante avait raison, vous avez toujours trop été ensemble. Cela vous brouille l’esprit, il faut vous changer d’air et je ne veux pas que le nom de notre famille soit traîné dans la boue par votre attitude puérile ! Vous êtes des garçons, pas des fillettes qui s’amusent à se chouchouter comme vous le faites ! C’est une honte, une honte m’entend tu ?! Kenny s’en ira avec tante Elizabeth, c’est tout, fin de la discussion.


    Une nouvelle fois je m’étais tu, une nouvelle fois je ne protestai pas, restant simplement assit devant mon assiette au contenu froid, les tempes humides. On nous envoya au lit, mon frère dans une chambre séparée et on nous interdit de dormir ensemble. Je ne compris pas pourquoi, lui si. Il parvint tout de même à venir se faufiler en douce dans mon lit, gardant mes mains dans les miennes, front contre front, ses pieds réchauffant les miens. Emu, je m’étais mis à pleurer, ne voulant pas le quitter, ne voulant rien d’autre que cette étreinte.

    - Kenny, quoi qu’il arrive, où que tu ailles, même si la Terre entière veut nous séparer, nous serons toujours ensemble. Pas un jour, je ne penserai pas à toi petit frère. Ils ne nous éloigneront pas, je t’en fais le serment !
    - Promis hein ?
    - Promis Kenny, promis…


    Après quoi, il m’embrassa sur le nez. Au petit matin, lorsque notre père nous trouva, malgré son interdit, ensemble dans mon lit, il s’emporta. Me faisant tomber du sommier, il me traîna, sous mes contestations vaines, jusqu’à son bureau qu’il ferma à clé derrière moi. Déjà je l’entendais gronder Andrew, lui lançant d’abominables jurons. Puis l’après-midi, Elizabeth se pointa, l’air satisfait de son remue-ménage. Sans prévenir Andrew, puni dans sa chambre, mon père m’ouvrit la porte de ma prison, me prit dans ses bras et me porta jusqu’à ma tante. Là, il me tendit deux énormes valises, me regarda tristement et déclara pour seul adieu : « Je le fais pour ton bien, crois moi ». Etonnée et après quelques recommandations, bavardages et consolations, Elizabeth me prit de force par le bras et me poussa dans sa voiture. Là, emporté malgré moi par ce destin dont je ne voulais pas, je hurlai le nom de mon frère. Je le suppliais d’apparaître, je suppliais ma tante de me laisser sortir. Et lorsque nous arrivâmes au bout de l’allée, à la fin du domaine de ma maison, j’aperçus, de la vitre arrière, mon frère. Il courrait après nous, culbutant sur les pierres, s’effondrant dans la poussière avant de se relever pour verser des sanglots déchirant à travers l’air. Je tentai de briser la vitre de mes petits points sans que rien n’y fasse. Dehors, on ne percevait pas mes sanglots. On voyait juste un gamin, la bouche grande ouverte, les yeux bouffis, taper contre un mur invisible.

    - Arrête donc de crier Kenny ! Tu le reverras ton frère, alors cesse de pleurnicher ! Puis d’après les dires de ton père, il vaut mieux que pour l’instant tu ne le fréquente plus. L’Afrique vas te plaire, l’Inde aussi, crois moi, tu t’y feras.

    Aucune protestation ne sortit de ma bouche alors que des dizaines de milliers de mots auraient put frapper cette vipère. Mes yeux se contentaient de rester fixes sur la silhouette mince qui se rapetissait à chaque mètre de plus, au loin jusqu’à ce que finalement je ne la vois plus.






    Lundi 6 Juillet, 4ans plus tard, Sénégal. || Douce curiosité, douloureux oublis ||




    Aujourd’hui aussi, comme tous les autres jours des semaines précédentes, il faisait chaud. Tantine était partie chercher des médicaments à Dakar, chez son ami Matthew. Depuis trois ans maintenant, elle aide les petits villages défavorisés à subsister. Ici, les gens qui nous entourent la considèrent comme une bienfaitrice, une sauveuse. Moi aussi, je l’admire maintenant. Je m’étais trompé, plus petit, lorsque je croyais qu’elle était sans cœur. Assit sur un banc, en face d’une plaine aux terres ocres, j’observais, un sourire aux lèvres, mes amis jouer avec un ballon usé. Leurs mouvements lestes et fluides soulevaient des nappes de poussières rouges qui se fondaient dans l’horizon bleu clair. Nous étions tous simplement vêtu d’un short pour les garçons et d’une courte robe pour les filles. Pas un seul jour, dans ce pays chaud au soleil brûlant, je ne m’étais ennuyé. Balançant mes pieds nus dans l’air, la tête rentrée dans mes épaules, je riais à la moindre esclaffe d’un de mes camarades.

    - Kenny, tu viens ?! On va à la rivière avec Sougou ! Peut être qu’il y’aura Ahmad avec son éléphant !
    - Oui j’arrive Samba !


    Sans même avoir prit le temps de respirer, je me précipitai à sa rencontre. Jouer dans la rivière était quelque chose que j’affectionnais tout particulièrement. L’après midi toute entière je la passa dans l’eau, à éclabousser quiconque voulait me couler. Lorsque vers 18heures je réapparu trempé comme un poisson sur le seuil de la maison d’Elizabeth, elle ne pût réprimer une moquerie joyeuse.

    - Et bien mon petit Kenny, te voilà doucher avant l’heure ! Allez hop, file te laver et sèche toi que l’on puisse passer à table.

    Une fois les ordres appliqués, nous mangeâmes du poisson pêché par notre voisin, Amar. Presque tous les soirs il nous apportait son butin, en guise de remerciement pour les aides que fournissaient ma tante, ses bénévoles médecins et moi. Au milieu du repas, baissant le regard, Elizabeth finit par m’apprendre une nouvelle qui me ramena pieds en brique, à des souvenirs enfouis.

    - Kenny, j’ai reçu une lettre qui t’es adressé. Elle vient d’Angleterre, de ton frère. Je l’ai posé sur l’armoire de ta chambre.
    - …


    Cela faisait au moins un an qu’Andrew ne m’avait pas écrit. En colère contre lui, je l’avais presque banni de ma mémoire. J’aurais voulu résister à l’envie folle d’aller tout de suite l’ouvrir, d’aller la lire avec empressement. Mais le passé me rattrapa et je me précipitai dans ma chambre, empoignant le papier blanc, jaunit de sable. Il ne m’avait donc pas oublié.

      Mon cher Kenny

      Tout d’abord, pardonne-moi de ne pas t’avoir écrit durant de si longs mois. Il y’a une raison à cela. Notre père est tombé gravement malade à la suite d’un échec politique. Ses confrères se sont odieusement moqués de lui. Il en fit une attaque cardiaque. A l’heure où je t’écris, il est encore à l’Hôpital, en soins intensifs. Je n’ai pas voulu te prévenir plus tôt pour ne pas gâcher tes jours. Les médecins disent qu’il lui faut beaucoup de repos, alors je l’ai veillé et je le veille encore. J’espère que Tantine ne t’en fais pas voir de toutes les couleurs et que tout se passe bien pour toi. L’Afrique te plaît-elle toujours autant ? Y fait-il toujours aussi chaud ? Chez nous, il pleut sans cesse. Londres n’est plus qu’un amas de pierres grises dont je me lasse toujours un peu plus chaque jour. Je suppose que maintenant tu sais parler le Sénégalais ? J’ai hâte de t’entendre le prononcer. Quand vas-tu au Japon ? Tantine n’avait elle pas dis qu’elle resterait en Afrique pour un an ou deux ? Le délai est déjà largement dépassé ! Ah cette bonne vieille Elizabeth, toujours en retard sur tout ! La maison est bien vide sans tes rires petit frère. Suzanne ne me gronde plus puisque tu n’es plus là pour que je puisse t’embêter. Les nuits sont froides, les bains sont agaçants. Je m’ennui de toi petit frère. Si tu savais à quel point tu me manque. J’espère que nous nous reverrons très vite. Je me demande à quoi tu ressemble après 4ans sans t’avoir vu une seule fois. Tu dois être beau, beau comme un petit Dieu. Comme tu me manques…oh oui…comme tu me manques. Ne m’oublie pas Kenny, moi, tous les jours, je pense à toi. Embrasse Tantine pour moi et salue les terres africaines, filou. Je t’embrasse très fort mon cher et tendre Kenny.

      Avec tout mon amour, Andrew.


    A chaque mot je m’arrêtais une minute, imaginant le visage espiègle de l’auteur. Il ne me parvenait plus aussi distinctement qu’avant. Non, je ne voulais pas l’oublier, cela n’arrivera jamais. Moi aussi, il me manquait…moi aussi. Le lendemain matin, je me mis à mon bureau pour lui écrire une réponse. Seulement, je n’eu pas le temps. Dehors, aussi soudainement que la pluie tombe en été, j’entendis des coups de feu, puis des cris. Je me précipitai hors de la maison, appelant à tue-tête Elisabeth. Dans la cours du village, les poules et les chèvres affolées galopaient dans chaque coin de terres libres. Je vis alors des hommes en tenue militaire armés de couteaux et de fusils tirer sur les villageois. Devant mes yeux, une femme, à qui chaque dimanche je venais rendre visite, tomba à terre, poignardée dans le dos. Avant que l’assassin ne me tranche la gorge, Evan, un médecin ami de ma tante me tira par le bras et m’emmena dans une case en paille, à l’abri des coups de feu. Affolé, la tête dans mes mains, ma respiration s’accélérait.

    - Où es Tantine ? Evan, où es tante Elizabeth ? Que se passe t-il ? Pourquoi il y’a ces hommes dans notre village ?
    - Ta tante est en sécurité. Elle est dans un village à 30km d’ici. Ces hommes sont des terroristes. Ils refusent de voir ta tante et nous même aider ses villageois. Tout ce qu’ils veulent, c’est le pouvoir et l’argent. Ils veulent dominer tous villages, posséder tous biens sur cette terre.


    Effaré, incompréhensif devant ces raisons aussi lamentables, je me rendis compte que tous les hommes ne sont pas bons et bienveillants comme ceux que j’ai toujours connu. La réalité d’un monde injuste venait de me gifler. Notre abri de fortune vola en morceaux sous l’explosion d’une grenade. Malheureusement pour lui, Evan fut touché par un éclat de bois à la tête et mourut. Moi, je m’étais réfugié sous deux planches, invisibles aux yeux des autres. Jamais de ma vie je n’avais vu pareille violence. Devant moi, des corps de femmes éventrés maculaient la terre de leur sang. Des enfants esseulés dans des cases à demi démolies hurlaient après leurs mères mortes alors que de derrières eux, dans l’ombre, des hommes sortaient pour les faire taire d’un coup de lame. Du feu jaillissait de part et d’autre des toits de paille, couvrant de fumée grise le ciel azur. Dans ces flammes, des hommes gesticulaient, suppliant le ciel pour avoir de l’eau, suffoquant, agonisant par ce que leur peau fondait comme de la glace sans qu’ils puissent stopper quoi que se soit. Que pouvais-je faire alors que je n’avais que 12ans ? Oui, que pouvais-je bien faire devant tant de violence ? Tant de haine ? Je restais figé, au milieu des décombres d’un lieu que j’avais appris à aimer, à connaître. Plus loin, au pied d’un arbre, je voyais Samba, mon ami, la bouche béante, les yeux ternes, glacé dans une flaque rougeâtre. Derrière lui, sa sœur, Samara, un trou dans la tête. Des hommes tuant d’autres hommes. Je voyais, je ne faisais rien. Je voyais…je ne faisais rien.




    Mardi 14 Mai, 4ans plus tard, Cuba. || Mon Amour ||




    Quatre années se sont écoulées depuis le drame que j’ai vécu au Sénégal. Ma tante, chassée par la montée de la violence, partit avec moi en Inde. Là-bas, d’autres effrayantes réalités me frappèrent. Les bidonvilles, la pauvreté, la misère. Les enfants vendus comme des marchandises. Les femmes rabaissées, les hommes châtiés. Nous y restâmes un an, tout au plus avant de partir au Japon. Là-bas j’y vis la corruption des êtres, les jeux de pouvoirs. Les ravages de la nature, les séismes, leurs dégâts…les familles brisées. Plus je grandissais et plus le monde semblait s’amochir. Sans doute était-ce par ce que je perdais les visions roses d’un enfant. Après un an là aussi, nous partîmes pour Cuba, dans la ville de Camagüey. C’était une ville typique, aux allures très anciennes dans laquelle j’aimais me perdre. Au moins, dans ses ruelles, dans ses champs de tabacs, la misère extérieure ne me touchait pas. C’est d’ailleurs au sein même de cette ville que je me mis à fumer et à boire. C’est aussi au sein d’elle, dans une de ses nombreuses cachettes que j’ai eu ma première relation avec une femme. J’aimais jouer aux cartes avec les vieux cubains du quartier. Fumer un cigare sur une chaise balançoire, m’éterniser devant un coucher de soleil. Cependant, mon frère me manquait toujours autant et ne pas le voir me rendait mélancolique. Tantine était entièrement absorbée par son travail, tant et si bien qu’au bout d’un an, elle perdît 23kg. On se croisait rarement dans la maison. Je coulais des jours tranquilles sans que rien ne vienne bouleverser cette tranquillité. Presque une fois par semaine, je recevais une lettre de Londres. Andrew me racontait toujours ses déboires, ses amourettes, ses conneries, sa débauche, ses réussites, comment allait notre père, ce qu’il faisait etc. Puis une matinée où Tantine et moi petit-déjeunions paisiblement, le facteur vint nous apporter une bien mauvaise nouvelle. Elizabeth avait reçu une lettre de Londres. Au départ je la croyais pour moi mais elle était bien à son adresse. Après l’avoir lu, son visage changea. Elle était devenue livide, ses orbites s’étaient assombries et des larmes coulèrent lentement sur ses joues sans qu’elle ne tenta quoi que se soit pour les stopper.

    - Kenny, …ton papa...il…il a eu un accident en calèche. Il est dans le coma depuis une semaine. Les médecins disent…qu’il…qu’il a des chances de ne pas s’en sortir…
    - Un…accident ?


    Comme je l’avais prévu, elle ne prononça plus un mot. J’aurais aimé pleurer avec elle mais aucune larme ne sortit de mes yeux. Seul le silence résumait mon état : vide. Deux jours plus tard, nos bagages étaient faits. Nous allions rentrer pour l’Angleterre. Je ne pouvais m’empêcher, malgré la tragique situation qui nous poussait à rentrer, à être heureux. Ainsi je pourrais revoir Andrew. Enfin, après toutes ces années, oui, je le reverrai.

    Lorsque nous arrivâmes, après des jours de bateau, à Portsmouth, mon cœur s’emballa. Sur le quai, derrière des cageots ouverts, une mince et élégante silhouette se distinguait parmi trois autres. On aurait dit mon père, traits pour traits, lorsqu’il était jeune. La mine sauvageonne, les traits malicieux, le regard pétillant, les cheveux en bataille d’une couleur sombre et les vêtements chics… je reconnu Andrew. Il avait changé, avait mûrit physiquement et sans doute mentalement. Il était d’une beauté à couper le souffle. Toutes les femmes devaient se l’arracher. Sans me soucier de ma tante qui débarquait du bateau derrière moi, je couru vers lui, les larmes débordantes, les bras ouverts à son encontre. Lui, au même stade que moi, m’enlaça si fort que ma respiration se coupa un moment. Je sentais à nouveau son odeur, sa main dans mes cheveux, sa peau contre la mienne. Comme c’était bon de le revoir, comme c’était bon. Dans mon ventre, une boule de joie, de bien-être était apparue. Plus jamais le destin ne nous séparera, plus jamais.

    - Kenny, je suis si heureux de te voir, si heureux ! Tu es encore plus beau que je ne l’imaginais ! Comme le temps m’a parut long sans toi. Cela fait huit ans n’est ce pas ? Huit ans durant lesquelles on ne sait pas vu une seule fois ! Je suis si heureux…si heureux mon petit frère.

    Je ne lui répondis rien car il n’y avait rien à répondre. Seuls mes gestes traduisaient mon émotion. Et déjà ma tante arrivait et avec regret, je dû défaire mon étreinte pour laisser Andrew saluer Tantine.

    Lorsque nous arrivâmes à la maison, je ne la reconnue pas. Tout avait changé, tout. Le domaine était parsemé d’arbres fruitiers, un petit étang trônait maintenant au milieu du jardin. Les murs de la façade avaient été repeints en blanc et plusieurs fenêtres avaient été ajoutées. Innovations et idées venant évidement de mon frère. L’intérieur aussi avait changé. Le Hall d‘entrée comportait désormais de grands tapis d’Alpaga, des tableaux d’arts modernes figuraient sur les murs. Le salon comportait au moins cinq divans de cuir. La cuisine était rénovée, modernisée. Il y’avait plus d’espace. La vie transpirait des murs, la lumière jaillissait de n’importe où. Impressionné, je complimenta avec enthousiasme mon frère et me précipita dans notre chambre d’enfant. Bizarrement, ce fut la seule pièce qui était restée pareille à mes souvenirs. Les deux petits lits opposés avaient gardé les mêmes draps bleus qu’autrefois. Il y’avait encore la commode à jouet d’où débordaient des peluches en tissu, des épées de bois. Le petit bureau usé et tâché d’encre restait en sommeil dans un coin, attendant qu’on l’utilise encore comme support. A mes côtés, Andrew avait sourit.

    - Je ne voulais pas que cette pièce ci change. Elle est notre enfance toute entière. Lorsque je me languissais trop de toi, je venais dormir dans ton lit qui conserve encore aujourd’hui, un peu de ton odeur.
    - Elle est exactement restée dans le même état que le jour où je suis parti. Merci Andrew, merci.


    Ne comprenant pas pourquoi je le remerciais d’avoir conservé notre si précieux passé dans cette pièce, Andrew s’était contenté de passer une de ses mains dans mes cheveux. Tantine, elle, qui préféra rester en bas pour aider la vieille Suzanne à préparer la cuisine et tout le reste, s’installa dans la chambre de mon père et logea avec elle tous les souvenirs et objets qu’elle avait emporté du Sénégal, du Japon, de l’Inde et de Cuba.
    Le soir, je dormis dans la chambre d’ami. Je ne pus m’endormir avant trois bonnes heures. J’aurais aimé qu’Andrew, comme dans le temps, vienne dormir avec moi. Ce ne fut pas le cas. Le lendemain, nous prîmes la route de l’Hôpital. Lorsque je vis mon père allongé, amaigris, le teint vert, les yeux clos je crus bien qu’il était mort. Il ne se ressemblait pas. On aurait dit un squelette, un cadavre vivant seulement par le tape continue de son cœur dans la carcasse de ses os. Peu à peu, je me réhabituais à mon ancienne vie, à mes anciens repères. La maison m’était redevenue familière. Et au bout du huitième soir, quelque chose se glissa dans mon lit. Ce n’était pas le fameux monstre des marais, non, c’était Andrew. Apparaissant au dessus de moi, les cheveux lui tombant dans le visage, il sourit.

    - C’est bon de te retrouver, je commençais à me demander si mes pieds tiendraient le coup sans toi grand-frère.

    Etouffant un rire, il se laissa tomber à mes côtés, attrapant mes mains en les portant jusqu’à sa poitrine. On s’était regardé, plein d’amour, plein d’affection. Je croyais rêver mais non, je ne rêvais pas. Mon frère était là, tout à coté de moi. Je l’aimais tant. Puis sans prévenir, alors que j’allais m’endormir, il fit une chose qui me bouleversa. Il s’était à nouveau penché sur moi, prenant mon visage entre ses mains.

    - Kenny, mon Kenny…

    Croyant à une de ses farces, je ne pu prévoir ce qu’il fit ensuite. Rapprochant son visage du mien, il m’embrassa. Ses lèvres touchèrent les miennes et l’ouverture de ma bouche laissa place à un baiser fougueux et suave. Les premières secondes je ne compris pas. C’est comme si tout s’était écroulé autour de moi, comme si tout ce que je croyais connaître ne signifiait désormais plus rien. Fermant les yeux, d’un geste brusque, je le repoussa contre le mur, essuyant mes joues déjà mouillées de larmes.

    - Tu fais quoi puta*n ? Bordel je suis ton frère…ton frère Andrew, merde…C’est dégueulasse, casse toi ! Je ne t’aime pas de cette manière moi ! CASSE-TOI DE MA CHAMBRE !

    Sans dire un mot, il était partit. Je ne sais pas si à ce moment là j’avais rêvé mais il me semblait que lui aussi, sur ses joues, des larmes avaient coulé. Durant vingt jours nous ne nous parlâmes plus. Je l’évitais au mieux que possible et Tantine ne comprenait rien à la situation et s’attristait de voir que à chaque occasion qui se présentait, je rabaissai Andrew. En moi, j’étais perdu. Je ne savais plus quoi penser. Un nuage noir se dressait devant moi et me rendait aveugle. La nuit du vingtième jour, je compris. Je compris que depuis tout ce temps, depuis tout petit, j’aimais mon frère. Non pas comme un simple frère, mais comme un amant, un secret. Seulement, je n’avais pas voulu le voir par ce que l’étique, les règles, la société ne voulaient pas que l’on voit, que l’on ressente ce genre de chose. Horrifié par la peine que j’avais causée à Andrew, effrayé par le fait que je puisse l’aimer, j’en perdis tout sommeil. A minuit et quelques, je sortis à pas de loup de ma chambre et ouvrit la porte de celle d’Andrew, aussi silencieusement que possible. Là, dans le noir, ce fut moi, pour la première fois, qui me glissa dans le lit de mon frère. M’allongeant sur lui, j’enfouis ma tête dans le creux de son épaule. Cela voulait dire pardon et tant d’autres choses…

    - Pose tes mains sur moi Andrew…

    Il avait les yeux humides et étonnés. Je sentis sa chaleur, son rythme cardiaque augmenter en même temps que le mien. Sous les draps qui nous protégeaient du monde extérieur, les mains douces de mon frère caressèrent mes cuisses et mon dos, m’enlevant légèrement chaque parcelle de vêtement qui me couvrait. Mes lèvres rencontrèrent pour la deuxièmes fois celle de l’homme que j’aimais. Il m’embrassait avec passion, me dévorant corps et âme. Sa langue mielleuse se mêlant à la mienne. Sa paume gambada jusqu’à mon bas ventre pour finir par envelopper mon intimité. Des frissons d’envie s’emparaient de moi. Le bruit du souffle d’Andrew, son haleine, son regard désireux me rendaient fou. Fou d’amour, fou de plaisir. Des vas et viens, des étreintes, une pénétration, des baisers, des caresses. Le sentir en moi me rendait dingue. Notre première nuit, je ne l’oublierai jamais. Mon frère, mon amant. Sans que personne ne le sache, nous vivions l’un pour l’autre, l’un par l’autre. Tantine ne remarqua rien si ce n’est que le lendemain, Andrew et moi ne faisions plus mine de nous ignorer. Chaque après-midis nous allions voir notre père puis par la suite, nous allions nous divertir au théâtre, nous balader en forêt…

    Une fois, je me rappelle que nous étions partis tous les deux durant trois jours à Paris. Trois jours merveilleux où personne ne nous connaissait, où personne ne nous jugeait, où personne savait que nous étions non seulement amants mais frères. Paris, la ville des amoureux, oui. Les trois nuits que nous passâmes là-bas, dans la discrétion des lumières de la ville, furent extraordinaires. Andrew trouvait de plus, toujours des lieux plus inattendus les uns que les autres pour que nous pussions nous adonner à l’étreinte charnelle. La musique, les violons, les danses et les boutiques. Chaque instant que nous avions passé ensemble, loin de Londres, reste en ma mémoire. Six semaines s’écoulèrent donc depuis mon retour en Angleterre jusqu’à ce qu’enfin, mon père revienne à lui. Reprenant des forces, les médecins acceptèrent notre demande de le faire revenir à la maison. Lorsqu’il reprit tous ses esprits, à mon agréable surprise, il fut enchanté, ému de me voir si changé, si beau, fort et grand. Il me fallut près d’une semaine pour lui raconter toutes mes mésaventures, mes nouvelles connaissances, les beaux paysages et belles rencontres que j’avais faites au cours de mes nombreux voyages avec Tantine.

    Puis les mois passèrent, où secrètement, j’allais me glisser toutes les nuits dans le lit d’Andrew. Mon père et Elizabeth ne remarquèrent jamais rien. L’hiver arriva et avec lui la neige. Tous les samedis après-midis, après mes heures de travail éducatif, je sortais dans la cour, jouer dans la neige. Un samedi où mon père et Tantine étaient partis à la messe, Andrew et moi en profitâmes pour s’amuser sans peur d’être regardé de travers. Il m’avait prit la main et m’avait emmené sur le petit étang recouvert de dix bon centimètre de glace. Là, collé l’un contre l’autre, nous avons glissé, dansé sur l’eau gelée. Tout était blanc, comme si nous flottions dans un épais nuage. Je me souviens de la vapeur que faisait le froid lorsqu’il sortait de nos bouches. Je me souviens l’avoir entendu rire après m’avoir vu tomber fesses en premières sur la glace. Le monde que j’avais pu voir sale, terne, triste et inégale me semblait avec lui d’une beauté incomparable. Il faisait chaud partout où nous allions, du moment que nous étions ensemble. Partout le soleil brillait, partout l’air embaumait.

    Quatre années s’écoulèrent ainsi, où tous deux passâmes des minutes, des heures exquises. Des disputes, des réconciliations, des jalousies, des minauderies…des baisers farouches, des caresses volées, des nuits chaudes, des regards désireux… Notre amour secret fut préservé de la malveillance pendant quatre ans. Quatre ans… Cependant il y’a une fin à chaque chose et toutes histoires ne finissent pas aussi bien que le voudraient les contes.




    Vendredi 29 Décembre, Londres. || Soupires souffrants ||



    Le jour de mon vingtième anniversaire, Andrew voulut me faire une surprise. Papa et Tantine qui avait elle, décidé de vivre avec nous pour surveiller la santé de son frère étaient partis à un bal. Nous étions donc seul, mon frère et moi, à la maison. Il avait décidé que cette nuit là, tous mes désirs seraient assouvies. Mais le Destin, en qui je concentrai ma haine, se joua de moi et me fit perdre tout bonheur. Par un hasard de circonstances, le bal fut écourté et mon père, saoul, rentra plus tôt que prévu avec Elizabeth. Lorsqu’il appela dans le Hall et que personne ne répondit, il fut en premier lieu inquiet. C’est alors qu’en entrant dans ma chambre, il nous vit, Andrew et moi, enlacés dans notre parfaite nudité. Lorsque je le vis sur le seuil de la porte, mon monde de soleil et de fraîcheur s’écroula et ne fut plus que poussière. Ont ne pouvaient rien dire, rien faire. James, débordant de honte et de colère se jeta sur moi. Il m’avait prit le bras si fort, si violement qu’il faillit me le briser. M’entraînant dans le couloir, là où Elizabeth, incrédule s’inquiétait, il me gifla. Sans rien que ma peau sur moi, devant lui, les yeux rouges, les dents serrées, j’encaissais ses coups. Ma peau bleuissait sans doute déjà tant la force avec laquelle il me frappait était grande. Ma tante se mit à crier. Elle voulait que James cesse mais James ne cessait pas.

    - Alors comme ça tu couches avec ton frère ? HEIN ? TU VEUX DONC ME RIDICULISER KENNY ? TU VEUX DONC NOUS TRAINER TOUS DANS LA BOUE ? Pauvre merde ! Tu n’es RIEN, rien du tout qu’une tapette ! Un pédé incestueux ! La risée de la famille avec ton frère !

    Je ne protestais pas, par ce qu’il avait raison. Je savais qu’il avait honte, qu’il avait peur de voir tout ce qu’il avait construit au cours de sa vie s’anéantir par cette obscène relation que j’entretenais avec mon frère. Mais il ne comprenait pas, lui, à quel point je pouvais aimer ce frère. Il allait trop loin. Me ruant de coups de pieds, je finis par m’effondrer lamentablement au sol, gisant dans une flaque rouge qui me rappela étrangement l’Afrique. Mes yeux mi-clos virent alors Andrew courir vers mon père. J’entendais leurs cris sans plus les voir. Au dessus de moi, Elizabeth pleurait, ses mains tentant de réanimer la chose inerte que j’étais devenue. J’avais sans doute des côtes brisées. Mon œil gauche était enflé et noir quant à mon torse, il était bleu. Je perdis connaissance.

    Lorsque je rouvris les yeux, vingt minutes plus tard, ma première vision fut épouvantable. A deux mètres de moi, étendu sur le sol, Andrew haletait, à bout de force. Son regard peiné était fixe sur moi. Derrière j’aperçus mon père, toujours aussi haineux, vociférant insultes sur insultes. En bas, depuis le Hall, je percevais d’autres bruits. Des bruits de pas qui couraient, montaient jusqu’à nous. Des hommes en noirs, armés d’épées tranchantes se positionnèrent de part et d’autre de James au regard de loup assoiffé. Ma langue était sèche, ma douleur me clouait au sol. Je ne pouvais rien faire, rien. J’avais compris. Mon père avait appelé sa milice privée. Etait-il donc tant en colère devant l’amour de ses deux fils ? Deux hommes relevèrent alors Andrew, le ruant de quelques coups avant de l’entraîner dans sa chambre. Quatre autres hommes dont mon père, suivirent le trio. Horrifié, je me releva et voulu les suivre quand deux hommes m’empoignèrent par derrière. J’avais beau me débattre, crier, hurler, bouger …ils ne me lâchaient pas. L’un me brisa le poigner, décuplant ma peine et ma douleur. Elizabeth, muette, béate devant cette scène, était comme pétrifiée, statufiée de peur. Puis des cris déchirants me parvinrent de la chambre d’Andrew. Des lamentations qui me fendirent l’âme. On lui faisait du mal, je le sentais en moi. Chaque coup qu’il se prenait, je le prenais avec lui. Faible, impuissant, mes genoux me lâchèrent et je tomba à terre, gardant le nue de ma peur, de ma honte. Lorsque la porte de l’enfer se rouvrit, je vis les hommes traîner mon frère comme on traîne un chariot, un sac. Il avait la tête basse, les cheveux imbibés de son sang. Sur son dos, son corps, ses cuisses, je distinguais des coupures dues à des lames de couteaux. Ses jambes étaient brisées, sa peau livide. Fermant le cortège, mon père, l’air satisfait, au comble de sa folie, ricana. La maladie l’avait donc à ce point rendu fou de haine. Devant moi je ne voyais plus un père mais un monstre, un démon. Il venait d’anéantir ma vie, tout ce que j’avais aimé, il venait de le détruire. Ses hommes emmenèrent Andrew en bas, j’entendis un dernier cri puis plus rien. Ce fut moi qu’on traîna ensuite comme un chiffon, me faisant dévaler les escaliers sans ménagements. Tantine, sortie de sa stupeur s’était jetée à mes trousses et me rattrapa au bas de l’escalier.

    - Brûlez ! BRULEZ mes fils ! Que votre honneur soit retrouvé en Enfer ! Que Dieu vous pardonne ! BRULEZ !

    Il n’avait plus rien d’humain, rien. Dans un effort, je rampa jusqu’au corps inanimé d’Andrew. Mes larmes débordaient. Il m’avait tout prit, tout. L’amour, la joie, la vie, le bonheur, l’air qu’était pour moi Andrew. Au dessus de son visage endolori, crispé, je versais encore des perles d’eau. Il ne pouvait pas mourir, non. Il n’avait pas le droit.

    - Menteur ! Tu...tu m’avais promis qu’on ne serait jamais séparés, qu’on resterait toujours ensemble, toujours. Menteur, tu n’es qu’un menteur !

    Frappant son poitrail de désespoir, je ne fis plus attention à mon père qui aspergeait chaque coin de la maison d’essence. Dans son dernier effort, Andrew enlaça ma main, du sang s’échappant de sa bouche.

    - Je t’ai…aime petit frè…

    Un dernier souffle, puis la main retomba, morte à jamais. D’autres cris, d’autres pleures, d’autres brisures. Se mêlaient à mes sanglots, ceux de ma tante, accroupit dans mon dos. Puis les flammes. La chaleur. La silhouette du fou dansant à travers elles, riant au nez de sa mort. Après, le noir. Le vide. L’odeur du brûlé s’engouffrant en moi. La perte d’un être cher écartelant mes côtes, transperçant mon cœur. Cruelle la vie est à travers les hommes.




    Mercredi 6 Février, 2ans plus tard. || Renaissance ||




    Ma tante m’avait sauvé des flammes, ayant cependant laissé mon père et le corps de mon frère. La maison avait brûlée entièrement. La chaleur des feux, je peux encore la sentir contre ma peau. Depuis ce 29 Décembre il y’a deux ans, je ne dors plus, je ne ris plus, je ne vis plus. Dans ma poitrine reste le squelette d’un cœur. Pour oublier cet autre drame, je suis allé donc vivre avec Elizabeth dans sa maison en Espagne. Loin du passé et de ses plaies pourries. Le monde m’attristait. Chaque jour je sentais sa fin venir en même temps que la mienne.

    Et comme si le destin n’en avait pas eût assez, un beau matin je me réveilla avec des douleurs atroces au thorax. Elizabeth m’avait conduit chez un Docteur. Diagnostic irréversible. Un jour, dans quelques années, je mourrai. A la suite de cette nouvelle, je me laissa dépérir. Je ne buvais plus, ne mangeais plus. Affaiblis, incapable de marcher, malade, méconnaissable, je fus conduit dans un centre de soins. Là, on me força à avaler du pain trempé dans du lait, de l’eau tiède. Je n’avais plus de goût. La nourriture était cendre dans ma bouche. Toutes les nuits je voyais son visage, son sourire, je le voyais me parler, je le voyais mourir...Des sons se cognèrent dans ma tête. Des cris d’enfants, des soupires des bruits de sabres, de pluie sur des roches. Parfois, même ouverts, mes yeux voyaient des villages incendiés, une grotte sombre, des gens morts gardant au visage un sourire épanouie. Je ne savais plus où j’en étais, je devenais fou. Je voyais des choses que je ne voulais pas voir. J’entendais des bruits que je ne voulais pas entendre. Inquiet vis-à-vis de mon état mental, Elizabeth, par amour et peur pour moi me plaça dans un centre psychiatrique. Là on me traitait comme un enfant dénué de cervelle. Mon caractère ne s’affirmait plus. Je devais un fantôme, flasque et inerte. Finalement, au bout de deux mois, une chose étrange arriva. Alors qu’un médecin m’avait assit sur un banc dans le parc de l’Hôpital, un étrange être vint à moi. Sortit de derrières les arbres, de nul part, de partout il m’intrigua. Il avait une apparence douce et effrayante à la fois. Il m’avait tendu sa main, inexpressif.

    - Bonjour. Je suis Ombre.

    Je ne lui avais pas répondu. Poussé par un espoir enfouis en moi, je lui abandonna ma paume. Je ne savais plus si j’avais confiance ou non, si j’avais peur ou non. Autour de moi, l’espace n’avait plus de forme, je m’étais sentis comme aspiré, endormi et éveillé. Lorsque mon esprit se stabilisa, ce qui se trouvait autour de moi m’était inconnu. En face, avec une lueur étrange et brillante, un être vêtu de rouge, à l’allure enfantine se tenait assit. A ses côtés, je distinguais Ombre. Je ne pouvais plus bouger. De toute manière, je n’en avais pas l’envie. Je ne détournai pas mon regard de l’étrangeté des lieux. Une voix asexuée s’engouffra dans le creux des lieux, traduisant les paroles d’un être que je n’aurais pas pu comprendre. Des mots, des bruits de clochettes. Un monde dévasté, un monde apeuré. Devant moi, une Terre saine, des images de ciel bleu sans nuages gris, apaisée. Je ne tournai pas, il tournait. Puis des cendres. Une guerre. Des meurtres, des larmes. Encore une peur irrationnelle, folle. D’autres cris. Des noms. Décadents, Sérénités, Circus, Narcisses…des visages, des formes. Tout se bousculait dans mon esprit. J’y voyais la naissance d’un monde que je ne connaissais pas. Une naissance belle, lumineuse. J’y voyais sa mort, sa destruction. La lutte des trois. Ombre continuait de parler. Je voulais qu’il s’arrête. Il ne s’arrêtait pas. Je ne voulais pas comprendre, je ne voulais pas voir ce que j’avais déjà trop vu. Trop de morts sous mes yeux, trop de peine. Il n’arrêtait pas. Encore du feu, encore des guerres. Il continuait de parler. Millénium, espoir, désastre, Abysse… La mouvance de l’univers ne se stoppait pas. Je voulais qu’il arrête, qu’il arrête…Mes yeux se fermaient. Il arrêta. Je tombais. Il s’approcha. Je ne voulais pas le regarder, je ne voulais plus l’entendre.

    - Qui es tu ?
    - Un homme qui souffre lorsque l’on fait souffrir ce monde. Que cela cesse…que cela cesse…


    J’étais personne. Le reflet d’un autre. Puis un soupire, un dernier regard pour l’Enfant Divin, un dernier soupire. Soupire…Je me réveillai ailleurs. Froid, vivant, heureux, triste. Je ne savais plus. Ce jour là, Kenny était mort et avec lui son passé. Un autre était né. Froid, impitoyable. Un autre forgé par les douleurs de la vie, qui allait lutter pour entendre à nouveau le tintement joyeux d’un monde serein.



FIN
Kenny Wayne
Guimauve Congelée ~
Kenny Wayne

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MessageSujet: Re: .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~   .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~ EmptyLun 16 Nov - 19:21

    C'est... C'est...
    J'adore l'histoire. owo.
    OMG.
    Je te valide, c'est sûr. ♥️.

    Bon jeu sur TLH. ~
    Ombre.


    .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~ 091030104513672775
The Shadow
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MessageSujet: Re: .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~   .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~ EmptyLun 16 Nov - 19:53

    Hung merci Ombre, que c'est gentil *W*

    " lui fait un gros poutou "

    Tralalala je suis validé ~ ♥️
Kenny Wayne
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MessageSujet: Re: .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~   .:: Kenny.W || A Cat in Cage ~ Empty

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